Homélie du 21ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 16 août 2021Rassemblés autour de Jésus, et appelés à choisir
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Quelle sera la réponse du peuple ? A Sichem, Josué rappelle à tous qu’ils doivent choisir : servir le Seigneur ou servir les dieux des habitants de des nations païennes; tous répondent unanimes : plutôt mourir que d’abandonner le Seigneur et servir d’autres dieux. Si Josué insiste c’est parce qu’il est conscient des infidélités de ce peuple. Ces tribus restent marquées par les récriminations du désert. De plus, elles sont attirées par les idoles païennes. Mais aujourd’hui, c’est le Seigneur que le peuple choisit de servir.
Quelle sera notre réponse ? D’un côté, les plaisirs, les richesses matérielles… D’un autre côté, le trésor de la sagesse de Dieu. Choisissons qui nous voulons servir ! Plutôt mourir que d’abandonner le Seigneur. D’un côté, le projet de dominer, d’humilier… D’un autre côté le Dieu de tendresse qui offre la joie de servir. Choisissons qui nous voulons servir. Le Seigneur s’est fait le serviteur des hommes. C’est lui que nous voulons servir.
D’un côté, la prétention de juger les autres et de les condamner… D’un autre côté, le Dieu qui redonne sa confiance. Choisissons qui nous voulons servir. Nous voulons servir le Seigneur, car c’est lui notre Dieu. Nous sommes enfants de Dieu et non ses esclaves ; il respecte notre liberté. C’est lui que nous voulons servir. Plutôt mourir que d’abandonner le Seigneur qui nous a fait sortir de l’esclavage. » Il a tout fait pour nous ; qu’il nous garde de t’abandonner.
Pour nous parler de cette alliance entre Dieu et les hommes saint Paul utilise l’image du couple humain. Le sacrement du mariage unit les époux l’un à l’autre mais aussi à Dieu. Cet amour mutuel qu’ils s’efforcent de vivre est appelé à être à l’image de celui de Dieu pour l’humanité. C’est un amour qui fait sans cesse le premier pas vers l’autre, un amour qui écoute, qui partage, qui pardonne, un amour qui va jusqu’au don de sa vie pour l’autre. Tout cela nous dit quelque chose de l’amour que Dieu nous porte.
Dans son Évangile, Saint Jean nous dit que “les disciples murmuraient”. La foule avait bénéficié de sa bonté. Pour elle, il a multiplié les pains. Tout au long de ces dernières semaines, nous avons écouté son discours sur le Pain de Vie. Jésus cherchait à conduire ses auditeurs plus loin et plus haut, vers le Royaume du Père. Mais ils n’acceptent pas ce discours. Oubliant tout ce qu’il avait fait pour eux, beaucoup s’en allèrent.
Aujourd’hui Jésus nous dit des choses très importantes qui concernent la foi : la foi des disciples et la nôtre. Il nous dit d’abord que la foi c’est un don de Dieu : “Nul ne peut venir à moi si mon Père ne l’attire”. L’Esprit seul peut nous permettre d’aller à Dieu. Cela ne veut pas dire que certains sont choisis et d’autres pas. Dans son immense amour, Dieu nous appelle tous. C’est à tous qu’il fait le don de la foi. Ce don, nous l’avons tous reçu. Mais qu’est-ce que nous en faisons ? La foi est aussi un geste libre, une démarche libre, personnelle de chacun de nous. Et cette démarche ne se situe pas au niveau du raisonnement. La démarche de la foi c’est “marcher avec”. C’est ce qui est proposé aux gens qui sont face à Jésus.
“Voulez-vous partir vous aussi ?” C’est également la question que le Christ nous pose aujourd’hui. La réponse de Pierre a été spontanée : “Seigneur, à qui pourrions-nous aller ? Tu as les Paroles de la Vie éternelle”. Tu es le Saint de Dieu. Toi seul donnes un sens à notre vie. Même si je ne comprends pas toujours ta façon de faire, si parfois tes paroles me dépassent, je m’en remets à ton amour. Je veux me laisser guider par toi.
Les textes bibliques de ce dimanche sont un appel à la foi : Croire c’est marcher avec. Mais cela va beaucoup plus loin. C’est comme une démarche amoureuse. Il y a ce désir de se rapprocher vraiment de l’autre et d’être totalement en communion avec lui. C’est par Jésus et en lui que nous entrons dans la Vie Éternelle. En ce jour, nous te rendons grâce d’avoir reçu ta Parole, source de vie. Garde-nous fidèles à ton amour. Amen
Sources : Feu Nouveau, Fiches dominicales, Homélies pour l’année B (A Brunot) – Lectures bibliques des dimanches (A Vanhoye) – Guide Emmaüs des dimanches et fêtes (JP Bagot) – Les entretiens du dimanche (Noël Quesson)
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Pendant plusieurs semaines d’affilées, l’Évangile du dimanche nous met dans le contexte de l’annonce de l’Eucharistie : depuis le récit de la multiplication des pains jusqu’au discours de Jésus à la synagogue de Capharnaüm. Après le miracle spectaculaire pour nourrir la foule, de nombreuses personnes rassasiées suivaient Jésus avec enthousiasme. Les gens espèrent en Lui le Messie libérateur qui instaurera une nation riche et puissante. « Jésus savait qu’ils allaient venir l’enlever pour faire de lui leur roi… » (Jn 6:15) Mais Il les invite à rechercher ‘la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle.’ (Jn 6:27) Le dialogue entre Lui et les Galiléens s’articule alors autour d’une demande explicite : « Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là. » (Jn 6:34) S’ensuit son discours sur le thème de ‘Pain descendu du ciel’. Jésus leur déclare : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. » (Jn 6:51) Une parole difficilement compréhensible !
« Il est grand le mystère de la foi ! » proclame le prêtre après la Consécration du pain et du vin. Une formule bien énigmatique qui affiche la forte volonté d’adhésion de chaque chrétien à ce sacrement institué par Jésus. Le célébrant invite l’assemblée à ‘faire mémoire’ (anamnèse) de ce Repas particulier. Car Jésus l’a expressément demandé à ses disciples : « Faites cela en mémoire de moi. » (Lc 22:19) Il veut demeurer vivant en chaque fidèle qui le reçoit avec foi. « Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. » (Jn 6:51) Jésus est le Pain de Vie ! Il se donne à nous intégralement. Il est la nourriture qui nous unit intimement à Lui et nous transforme peu à peu en Lui. « Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ! » (Jn 6:54) Vivre et célébrer l’Eucharistie c’est partager la vie de Jésus. En L’accueillant dans notre âme, nous répondons donc à son invitation : « Demeurez en mon amour ! » (Jn 15:9) Saint Paul s’extasiait devant la réalité d’une telle communion : « La coupe de bénédiction que nous bénissons n’est-elle pas communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons n’est-il pas communion au corps du Christ ? » (1 Corinthiens 10:16) Transformé par cette union, il se confiait aux Galates : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. » (Galates 2:20)
La célébration eucharistique est vécue par des générations de chrétiens tout au long des siècles. Un moment d’intimité avec Jésus ! Pourtant, l’Eucharistie reste une pierre d’achoppement et le principal sujet de discorde à travers l’histoire de l’Église. Pour les catholiques, le Christ est réellement présent dans le pain et le vin consacrés. Pour les protestants par contre, cette présence reste symbolique. Déjà, la première annonce de Jésus a scandalisé les gens et provoqué des réactions défavorables chez les disciples. « Les Juifs se querellaient entre eux : ‘Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ?’ » (Jn 6:52) « Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, déclarèrent : ‘Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ?’ » (Jn 6:60) Et nombreux sont ceux qui renoncent à Le suivre. Malgré cette cassure et l’apparence d’un échec, Jésus ne cherche pas à retenir ceux qui s’éloignent de Lui. Il les laisse libre ! Restent donc les ‘Douze’, à qui Il pose la question de confiance : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » (Jn 6:67) Une question délicate qui invite l’interlocuteur à prendre une décision personnelle et à faire un choix. Un bon choix ! Pas si facile à le faire dans un moment de flottement et de doute. Et certains peuvent passer de longs moments à hésiter, à peser le pour et le contre. Mais Pierre, en ce moment crucial, au nom de ses camarades, affirme explicitement sa fidélité : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. » (Jn 6:68) Une décision déterminante dans la vie des apôtres !
Les choix, nous avons, nous aussi, de nombreuses occasions d’en prendre tout au long de notre vie. Aucun de nous n’ignore l’importance d’un choix judicieux et son impact stratégique sur nos activités et notre conduite. En particulier quand il engage une existence entière et qui en façonne la colonne vertébrale. Un bon choix s’impose donc et ce n’est pas évident ! Ah, nous voudrions tant que les choses soient faciles et qu’elles n’impliquent ni discernement ni effort… Mais une fois la décision prise, se pose la question de loyauté : rester fidèle et cohérent avec l’objectif fixé, quoi qu’il en coûte ! Assumer jusqu’au bout les conséquences de son acte. Pas seulement quand tout va bien mais en particulier quand les turbulences de la vie nous malmènent. Et, comme pour les apôtres au moment du fait, l’horizon reste des fois obstinément flou… Suivre Jésus implique souvent un renoncement à soi-même et à ses propres raisonnements. Les douze apôtres ont fait le choix de rester avec Jésus. Mais plus tard, quand le vent tourne et que les choses se gâtent, Pierre reniera Jésus, Judas le trahira, et les autres s’enfuiront au moment critique où ils risquent eux-mêmes la vie. Quand tout va à merveille, pas de problème, mais quand une épreuve surgit alors des pans de mur s’écroulent. Oui, l’Évangile de ce dimanche nous empoigne et nous secoue ! Vivre sa foi, c’est faire un choix décisif ! Suivre les enseignements de Jésus demande souvent de la détermination dans l’amour et la confiance.
Aujourd’hui, Jésus nous demande de laisser Dieu entrer dans notre vie. Sommes-nous capables de faire ce choix radical et de l’assumer ensuite ? Pas si simple !… Du brouillard sera présent par endroits sur notre route. Si persistant qu’il limite des fois fortement notre visibilité. Restons fidèles à notre foi. Engageons-nous résolument dans le chemin qui nous mène à Dieu. Renouvelons, jour après jour, notre choix de suivre Jésus. Reprenons la déclaration solennelle de Pierre : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. » (Jn 6:68) Alors ‘Bonne route’ avec le Christ !
Nguyễn Thế Cường Jacques